Régulièrement , les nouveaux lanceurs qui rejoignent le club nous demandent comment s'y prendre pour lancer quand le vent augmente.
Comme on dit chez moi, "Vent qui augmente, lanceur qui déchante" ou "Goëland qui vole en arrière, boomerang qui revient derrière" et enfin "Goëland qui vole sur le dos, reste au bistrot.."
PRECISION : cet article est valable pour les boomerangs artisanaux ou du commerce toutes marques..
Cet article sans prétention s'adresse en priorité aux lanceurs qui ont assimilé les principes de base du lancer et et qui souhaitent progresser en faisant face aux différentes conditions possibles.
Jauger le vent
Pour bien s'adapter à la situation il faut savoir à quel vent on est confronté. Pour cela un brin de laine autour du poignet qui ne lance pas ou une canne à vent feront l'affaire. Ensuite il faut regarder l'environnement, les arbres, les rafales, et bien observer les changements de direction et de puissance du vent.
Un arbre ou tout autre obstacle (batiment, gymnase,..) va générer des turbulences en aval . Un arbre de 20 mètres de haut va générer des turbulences sur 50 mètres .
C'est à dire que si vous lancez dans un parc à 60 métres d'un arbre de 20 métres de haut vous allez être, enfin votre boomerang, très rapidement dans les turbulences. En milieu urbain c'est pire.
Il peut être utile dans certains cas de regarder les oiseaux en train se se moquer de nous autres terriens pour prendre une pompe en MTA..
Echelle de Beaufort
Wikipédia a un très bon article sur l'échelle de Beaufort qui permet de mesurer les vents.
Comprendre la mesure du vent.
Comprendre l'impact du vent sur le boomerang
Pour bien resituer l'impact du vent sur votre boomerang, il faut assimiler que le boomerang change de réferentiel quand il quitte votre main.
- Un avion qui vole à 200 km/h le vent dans le nez avec un vent de 100km/h ne vole qu'à 100 km/h par rapport au sol.
- Un boomerang d'aussie round qui vole 10 secondes va donc subir le vent pendant ce laps de temps.
Pour prendre un exemple, lancer par un vent de 10 km/h, c'est un peu comme lancer depuis un vélo par vent nul et se déplacer à 10km/h.
Un vent de 10 km/h ne parle pas trop au lanceur de boomerang, car l'anémomètre ne fait pas partie de la panoplie du lanceur de base.
Par contre, 10km/h deviennent 2,77 m / seconde, un boomerang qui vole 10 secondes (un bon aussie round qui va à 50 mêtres par exemple) va donc en simplifiant la chose se décaler par rapport au point de lancer de 2,77 * 10 = 27,7 mètres..
Bien sûr le boomerang va subir plus ou moins le vent, selon sa masse, sa surface, son emprise, sa vitesse..
Pour rattraper dans le cercle central et faire un bull's eye c'est raté.
On comprend tout de suite mieux l'effet destructeur du vent sur le MTA.
- Un MTA qui est propulsé à 40 mètres de haut par un lanceur averti dans l'attente de faire disons 40 secondes va subir le vent pendant les 40 secondes, 40 secondes à 2,77 m/sec font ... 111 mètres.. 111 mètres font une belle sortie de cercle..
D'ou l'intérêt de partir loin en avant du cercle de lancer pour se placer au bord du cercle des 100 metres à l'avant du vent, lancer un superbe MTA dont vous avez le secret pour le placer à 150 mètres de la limite arrière de sortie du terrain.
Vent et altitude
Suite au tournoi de Toulouse en Mai 2019, quelques échanges ont suivi sur le vent.
Les site météo mesurent le vent à 10 mètres du sol, et les lanceurs à 2 mètres du sol, et ce ne sont pas les mêmes chiffres. A 2 m du sol le vent est 2 fois plus faible qu'à 10m, ce qui signifie que dans certaines épreuves type Aussie round, vous avez intérêt à avoir une trajectoire basse si vous voulez limiter l'impact du vent.
Choisir son boomerang
Si le vent augmente, selon le bon vieux principe "le plomb ne subit pas le vent comme la plume", vous allez choisir des boomerangs lourds ou plutot denses. Pour cela vous allez devoir privilégier les matériaux denses (fibre de verre, bakélite, carbone, abs, polypro, bois lesté ..) dans l'ordre en fonction de vos affinités et de votre sac..
(voir l'article sur les matériaux dans la rubrique technique).
Un bon boomerang de vent est un mauvais boomerang.
Plus il y a de vent, plus il y a de trous dans le boomerang
plus il y a de trous dans le boomerang, moins il y a de boomerang
DONC plus il y a de vent, moins il y a de boomerang
Regler
Comme dans les autres disciplines ( se reporter au tableau fait pour l'endurance) on va ajuster les dièdres des pales pour éviter que le boomerang ne monte en vitesse, précision endurance, aussie, éviter qu'il ne monte trop en accrobatique, et ajuster la montée en MTA.
L'ajustement des angles d'incidence va permettre d'augmenter la portée.
En mettant une incidence positive, j'augmente la portance, je réduis la portée. Quand le vent souffle, on va chercher à diminuer la portance des pales, on va donc mettre de l'incidence légèrement négative sur les pales. Ce réglage est assez facile sur de la bakélite, du polypro, de l'ABS, possible sur du bois, peu faisable sur de la fibre moulée, quasiment impossible sur du carbone en plaque.
Attention à la casse quand il fait froid !!
Elastiquer
Un ou plusieurs élastiques vont permettre de freiner la rotation du boomerang pour en dégrader ses performances afin de le transformer en fer à repasser plutot qu'en bon objet aérodynamique.
Pour info, des lanceurs expérimentés peuvent mettre 3 élastiques sur chaque pale d'un tripale de rattrapage accrobatique.
Ne pas hésiter à acheter directement un gros paquet d'élastiques chez votre fournisseur d'accessoires de bureau, plusieurs tailles, plusieurs épaisseurs .. On combine souvent élastiques et trous, les élastiques ayant un coté plus ajustable...
Comme pour le trou, plus l'élastique est en bout de pale, plus il freine.
Plus il s'agit d'un élastique large plus il freine.
Hélas on ne peut pas encore déplacer les trous...
Plomber
En augmentant le poids du boomernang on va changer son vol.
Plus on leste, plus on aumgente la distance, quand on leste en bout de pale on augmente le moment d'inertie, le boomerang va tourner plus longtemps et moins vite et donc aller plus loin.
En lestant au centre d'un multipale, on le fait monter plus et la distance augmente peu.
Quand il y a du vent, on leste le plus souvent en bout de pale, pour donner un ordre d'idée, une pièce de 5 centimes sur chacune des pales est dejà un bon lest ayant un impact.
Pour plomber, on peut utiliser ... du plomb, du scotch plombé, des rondelles, des pièces de monnaie.
Piece | Poids |
1 centime | 2,30 g |
2 centimes | 3,06 g |
5 centimes | 3,92 g |
10 centimes | 4,10 g |
20 centimes | 5,74 g |
50 centimes | 7,80 g |
1 euro | 7,50 g |
2 euros | 8,50 g |
On peut faire fondre du plomb et le couler dans un trou de la pale ou scotcher des rondelles métaliques.
En gros on peut considérer qu'il est possible de plomber à hauteur de 30% de la masse du boomerang.
Scotcher
Le scotch a le même rôle que les élastiques.
Le TOP du scotch pour moi c'est le scotch d'électricien pour faire tenir un lest sur une pale, faire un petit flap, c'est facile à trouver, à un prix très faible et il en existe en différentes couleurs.
Le second second TOP c'est le scotch en toile PLASTO, il se déchire à la main et est hyper résistant.
Sa surface inégale et son épaisseur en fait une surface trainante à lui tout seul..
Percer
Le percage a un role déterminant dans le freinage du boomerang.
Si les élastiques transforment le boomerang en fer à repasser , les trous vont le tranformer en passoire...
Quand on perce le centre un boomerang tripale qui va à 20 M, le trou parcourera une distance d'environ 60 m, si on perce en bout de pale, il fera 60 M + le nombre de rotations du boomerang * PI * distance centre au trou. Donc si on perce en bout de pale cela freine plus que si je troue au centre.
Le trou central va alleger le centre du boomerang et engendrer une trajectoire plus basse.
Les trous en bout de pale vont freiner la rotation, on utilise souvent des trous entre 4 et 10 mm en fonction de la puissance du geste. C'est évident, mais plus on fait de trous, plus cela freine, plus les trous sont gros, plus le freinage est fort.
Il peut être pertinent de faire coincider le trou avec l'endroit vous avez votre prise en main, cela peut permettre de caler un repère supplémentaire.
Un petit détail pour faire des trous propres, quand vous percez, mettez un bout de bois sous le boomerang pour éviter de faire des éclats (voir construction du Tripale Jay).
Les autres types de percages
Les grandes ouvertures tout le long du profil permettent de diminuer la surface du boomerang tout en évitant d'avoir une pale trop étroite. On peut ainsi faire 2 profils sur une seule pale en gardant de la rigidité. Cette méthode s'adresse aux matériaux fins, ici de la fibre de verre 2mm.
Adapter son lancer
Quand le vent augmente, il faut lancer toujours avec beaucoup de rotation, plus haut, plus loin du vent (plus à droite pour les droitiers) , plus vertical pour obtenir un lancer caractéristique assez spécial mais efficace.
Une fois de plus, les bon lanceurs sont favorisés, car plus on peut lancer fort et vite, plus le vent est négligeable.
Le boomerang qui vole à 130 km/h sera moins impacté par un vent de 20 km/heure que celui qui vole à 80 km/h, et en plus le temps de vol sera plus court donc il subira le vent moins longtemps.
Une autre stratégie est possible : plutot que de lancer fort un boomerang très freiné, on peut tout simplement lancer moins fort, le vent poussera le boomerang vers le lanceur en venant lui ajouter l'énergie qui n'a pas été donnée au départ...
Comment réagir selon les épreuves ?
En vitesse, endurance, précision on voit s'effacer le bois, au profit des matières plus denses et plus réglables (polypro, ABS , Darnell en Nylon).
Construire pour le vent
Vous avez choisi de contruire et de ne pas subir, voilà qui mérite des éloges, la vérité est dure à admettre, un bon boomerang de vent, c'est plutot un mauvais boomerang . Pourquoi ? car le boomerang de vent doit faire sa course en milieu hostile, et surtout freiner suffisamment pour ne pas revenir 50 mètres derrière.
Parfois un boomerang pas fini et dont les profils sont à peine dégrossis qui est une brouette par vent faible va se révéler être un très bon boomerang dans le vent.
Sur le plan ci dessus (un hook bipale), en cherchant le centre de gravité du boomerang (matérialisé au centre du cercle) et tracant un premier cercle jusqu'a rencontrer de la matière, on voit que cette partie centrale fait comme un trou dans un parachute : elle ne subira pas le vent.
Seul l'anneau entre le cercle extérieur et le cercle central subira le vent.
Exercice : calculer la surface exposée au vent d'un aérobie petit modéle ..
Pour construire pour le vent, il faut :
- choisir des matériaux denses,
- choisir des formes adaptées,
- faire des profils adaptés, c'est à dire pas trop de profil
- trouer,
- lester,
- élastiquer, sur le terrain
- offrir moins de surface au vent
- ajouter des flaps
A bientôt et BONS VOLS !